Canal Bleu

dimanche 15 décembre 2024, 4:54:05 PM

Joe Biden se rend lundi à Charleston (sud-est), sur le site de l’un des pires massacres racistes de l’histoire américaine récente, pour tenter de remobiliser cet électorat afro-américain qui lui avait ouvert les portes de la Maison Blanche en 2020.

Le déplacement a des allures de pèlerinage politique pour le démocrate de 81 ans, dont la campagne peine à trouver son rythme: il y a quatre ans, sa large victoire à la primaire de Caroline du sud, cet ancien Etat esclavagiste, avait été un tournant majeur.

Joe Biden, qui briguera en novembre un second mandat, était déjà venu à la rencontre des fidèles de la Mother Emanuel Church de Charleston.

C’était en 2015, il était alors vice-président de Barack Obama. Ce dernier avait entonné l’hymne “Amazing Grace” lors des funérailles du pasteur de l’église, tombé avec huit autres paroissiens noirs sous les balles de Dylann Roof, un suprémaciste blanc.

“Cause sacrée”

Le discours de Joe Biden viendra après son fervent plaidoyer de vendredi pour la “cause sacrée” de la démocratie, menacée selon lui par son prédécesseur Donald Trump.

Le démocrate, que les sondages, peu significatifs à ce stade toutefois, donnent au coude-à-coude avec le républicain, a choisi, selon son équipe de campagne, “un lieu qui représente les enjeux de l’élection”.

L’actuel président raconte souvent que c’est la montée de la haine raciale qui l’a conduit à sortir de sa retraite politique et à se présenter en 2020.

Quatre ans plus tard, Joe Biden assure que les dangers sont les mêmes, face à un Donald Trump qui caracole en tête des intentions de vote pour la primaire du parti républicain, en accusant les migrants d'”empoisonner le sang” de l’Amérique, ou en promettant la “vengeance” à des partisans convaincus d’avoir été volés de la victoire en 2020.

En dépit de ces discours violents, l’ancien président semble grignoter du terrain auprès de l’électorat afro-américain, qui avait joué un rôle déterminant dans la victoire de Joe Biden il y a quatre ans, en votant à 92% pour lui.

Abstention

Cette fois, à en croire de récentes enquêtes d’opinion, Donald Trump pourrait espérer jusqu’à 20% des voix des électeurs et électrices noires, voire un peu plus.

Le danger, pour Joe Biden, n’est toutefois pas tant la perte de voix au profit de son rival républicain, qu’une forte abstention de cet électorat crucial.

“Nous n’avons pas été capables de briser le mur monté par les partisans de Trump pour dire aux gens ce que le président a fait pour eux”, a reconnu dimanche sur CNN l’influent élu de Caroline du Sud Jim Clyburn. Joe Biden “tient ses promesses mais les gens se focalisent sur les rares choses qu’il n’a pas réussi à faire”, par exemple faire passer une grande loi protégeant l’accès des minorités raciales au vote, a-t-il déploré.

Ce constat sans appel vient d’un homme qui a propulsé Joe Biden vers la Maison Blanche. C’est en effet grâce au soutien de Jim Clyburn que l’actuel président a largement remporté en 2020 la primaire démocrate en Caroline du Sud, donnant un élan décisif à sa campagne.

C’est cette même ferveur que Joe Biden tentera de raviver dans l’enceinte de l’église Mother Emanuel.

Le bâtiment est intimement associé à l’histoire des luttes des Afro-Américains, face à l’esclavage, puis contre la ségrégation et la persistance des inégalités raciales – Martin Luther King y avait prononcé un discours en 1962.

Il ne fait guère de doute que Joe Biden, sauf grave problème de santé ou autre surprise, sera le candidat de son parti en novembre. La primaire démocrate du 3 février en Caroline du Sud n’en sera pas moins un premier test majeur pour le président, handicapé par son âge, et plombé par un mécontentement persistant des Américains sur leur pouvoir d’achat.


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